Jaÿden approuva d’un signe de tête.
- Notre repas nous attends toujours, dit-il à la jeune femme. Il n’y a pas de raison de laisser les agissement de se malotru t’en priver, retournes y avant qu’ils ne lèvent le couvert et prévient les, ou commande à nouveau, ajouta-t-il avec un haussement d’épaule. J’attends que celui-ci retrouve un semblant de dignité et de maîtrise et nous te rejoindrons… si cela te convient.
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Le visage d’Almandine s’éclaire.
- D’accord, à tout de suite !
Elle repart au restaurant et demande s’il est possible d’ajouter un couvert. Elle termine son entrée sans attendre.
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Le serveur se montra des plus accommodant pour répondre à sa demande.
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Lukis reprenait peu à peu consistance mais son visage étais toujours blanc comme neige. S’ils les découvraient ils les tueraient. Et s’ils parlaient de moi ? On me pourchassera aussi. Les pensées défilaient alors qu’il entendait en fond la voix de Jaÿden.
“... me faire apprendre la courtoisie par quelqu’un qui me traite d’imbécile et de crétin dans la même phrase… amusant.”
Il regarda ses mains. Elles tremblaient encore.
“J’ai besoin de m’allonger. Je suis à l’auberge de Vivau en ville, sous le nom d’Albien.”
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- Et tu continueras à te faire traiter d’imbécile tant que tu te comporteras en tant que tel, répliqua durement Jaÿden.
En l’absence de la jeune femme il ne cherchait même plus à faire preuve d’un semblant de courtoisie.
- Et tu rêves si tu penses que je vais te laisser partir après ce qu’elle t’a dit, tu viens avec nous, l’autre option prend en compte quinze centimètres d’acier entre tes omoplates. Tu as effectivement besoin de te calmer, mais ce sera devant un repas chaud, et avec nous.
Il ne plaisantait pas, c’était une évidence, et à la manière froide et révolue dont il parlait, cet homme n’hésiterait sans doute pas un seul instant à mettre sa menace à exécution. De près on constatait que les dagues de belle facture qu’il portait n’étaient pas seulement ornementales à voir l’usure du cuir qui en renforçait les gardes.
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Lukis reprenait sa contenance au fur et à mesure de la discussion. Une chose était clair il ne supportais pas ce type. Il écouta son dernier monologue et y vit.. un pari..
« Je vais être honnête avec toi. Je pense que tu es un sale con arrogant qui pense régler tout à coup d'ordre ou de dagues. Je te connais même pas et tu penses pouvoir me dire quoi faire et comment agir ? Ou sinon quoi ? Sinon tu me plantes ? Fais toi plaisir. »
Il écarta les bras faisant signe qu'il attendait la dague dans la poitrine
« Je me demande bien à quoi pensais le type qui m'a envoyé ici... En attendant je serais à l'auberge ou au cimetière. »
Il tourna les talons sans attendre de réponse. Son dos bien ouvert à une dague.
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- Je pense effectivement pouvoir te dire quoi faire et comment te comporter, dit froidement Jaÿden. Parce que malgré ce que tu crois tu n’es encore qu’un gamin qui rampe à peine. Tu peux te tirer et prouver que tu n’es rien d’autre qu’une petite bordille sans ambition, ou tu peux revoir ton comportement, prouver que tu peux changer d’attitude, et apprendre pour avoir une chance de redécouvrir ton vrai potentiel au lieu de t’en tenir à vivre en parasite alors que notre nature et notre raison d’être sont toutes autres.
Il y avait un vrai mépris dans sa voix pour celui, quel qu’il soit, qui choisirait de renier sa nature profonde et de tourner le dos à ce qu’étaient la vraie raison d’être des exaltés solaires.
- Mon Maitre semble t’avoir cru capable de cela et avoir vu en toi une certaine valeur, moi je n’y crois pas un instant.
Le ton était sans équivoque, Jaÿden le défiait de lui prouver le contraire. Mais, contrairement aux défis ordinaires qui ne demandaient finalement guère d’efforts, prouver qu’il pouvait être autre chose que le malotru borné dont il avait jusque là montré le visage serait sans nul doute autrement plus difficile.
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Lukis grinçais des dents. Exactement le genre de type qu'il détestait, jugeait son style de vie, ses habitudes, son caractère et se pensait au dessus de tout cela. C'est pourquoi la phrase qui suivi lui coûta énormément.
« Je vous retrouverais tout les deux plus tard au lieu qui vous conviendra.. Mais je ne peux pas revenir dans ce restaurant. Pas … dans cet état.»
La peur qui l'avais liquéfié quelques instants plus tôt avait laissé de larges auréoles sous ses bras. Son visage et ses mains étaient moites et grasses et il avais l'air d'un cadavre ambulant.
« Je n'ai jamais rencontré des gens comme vous... nous.. laissez-moi un peu de temps pour reprendre mes esprits.. »
Il hésita une seconde puis ajouta
« S'il vous plait »
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Jaÿden observa Lukis durant quelques longues secondes.
- Je pense que vous savez exactement pourquoi je ne peux pas accepter, dit-il finalement d’un ton calme et bien plus courtois. Vous auriez du réfléchir avant d’agir inconsidérément en nous abordant de la sorte, mais ce qui est fait est fait. Je peux comprendre votre demande, mais je ne peux me permettre de vous laisser partir en vous expliquant simplement comment nous retrouver, ce serait aller à l’encontre de la plus élémentaire des prudences.
Le solaire resta un moment pensif avant de prendre une décision qui le contrariait visiblement mais qui avait l’avantage de constituer, en quelque sorte, une preuve de bonne volonté.
- L’auberge de Vivaux… Nous pourrions toujours y envoyer un messager pour vous dire où nous retrouver je suppose, dit-il finalement.
Il avait visiblement pris la décision de lui laisser le choix, et dans ce choix, Lukis avait désormais l’opportunité de partir, mais il était clair qu’il n’aurait sans doute aucun moyen de recontacter de lui-même les deux solaires dans ces conditions et qu’ils devraient attendre leur bon vouloir.
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Lukis hocha la tête. Et se contenta de dire.
« J'attendrais votre message. »
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Jaÿden ne fit aucune remarque et le regarda partir avant de retourner auprès d’Almandine. Il se rassit en face d’elle sans faire de commentaire, le visage fermé.